bobos-écolos-parigos...

Publié le par PYG

J’ai une pensée pour tous ceux qui enfourchent leur vélo pour « faire du bien à la planète », pas à leur derrière; c’est leur problème.

 

Notre ministre de l’économie vous l’a dit et répété: Faites du vélo, allez bosser en vélo (c’est bien, je suis d’accord et l’ai fait avec joie dans les artères de la capitale du Danemark en compagnie d'une charmante danoise, cela va de soit!)…


C’est si simple, Madame le ministre, pour nous les habitants des 2 plus vastes départements de France (Gironde et Landes) d’aller à vélo au boulot, sprinter vers nos préfectures, nos supermarchés, nos écoles… pédaler à toute berzingue sur la double voie Bordeaux Bayonne en prenant soin d’éviter les 8000 poids lourds jours qui l’empruntent.

Sauf que, nous ne sommes ni à Copenhague avec ses larges pistes cyclables, ni à Amsterdam avec sa culture cycliste, ni même au cœur de Paris avec... ses couloirs de bus. Il existe, Madame, une France hors de la capitale qui a depuis longtemps pris soin de son cadre de vie... autrement qu'en pédalant. 

 

Nous, Mesdames et Messieurs (les centralistes jacobins, les néo écologistes), pratiquons « ici même » du DEVELOPPEMENT DURABLE, prodiguons du « bien à la planète »  bien avant que la phrase ou les expressions vous soient devenues familières ; depuis 150 ans au moins, depuis qu’un Empereur (Napoléon III) – ça fait du tort à la République - aidé de financiers zélés, y suggéra la sylviculture ; et tout cela bien avant un certain « Grenelle de l’Environnement », bien avant la naissance de Jean-Louis Borloo, celles de Daniel Cohn Bendit, Yann Arthus Bertrand, Nicolas Hulot ou même Dominique Voynet (qui alors ministre, plaçait l’île de la Réunion dans les Caraïbes - un poème!!!) et de tous leurs suiveurs « bobos-écolos-parigos » qui soudain, depuis le haut de la tour Eiffel, depuis leur hélicoptère comme un l’appel de Muezzin à la religiosité, prodiguent conseils et mises en garde aux pauvres ignorants que nous sommes, sylvicoles débiles maculés de résines, paysans de landes forestières… mais gardiens tout de même du havre de leurs vacances océanes.

 

Alors j’ai entendu – nous avons entendu – les pires conneries que la bande hertzienne et TNT réunies puissent relayer ici vers Notre forêt, du moins dès que nous avions retrouvé l’électricité pour les entendre… (venues de Paris naturellement – où l’on imagine que plus le nombre est important plus les cons y sont nombreux)

 

Nous avions planté les mauvaises essences, dixit quelques péroreurs sûrs de leur didactique, habitués des plateaux de télévision, ignorants autant sans doute que ceux qui les interrogeaient, notre géologie, la mauvaise qualité de nos sols, l’eau que nous cherchons à évacuer depuis des siècles et même sans doute le nom de nos préfectures et sous-préfectures… alors en bons crétins que nous sommes, nous avons semé et planté l’essence endémique à nos landes, le pin maritime, en oubliant c’est sûr de planter du cocotier (pardon!)...


Nous avions semé celle qui assèche les marais (un pin maritime c’est 100 litres d’eau par jour), celle qui permet de fabriquer du Kraft (Non ! le papier ne nuit pas aux forêts cultivées, bien au contraire il permet la survie de la forêt et les emplois qu’il génère!), celle qui permet aussi de fabriquer vos tables de cuisines, vos bibliothèques, vos lambris, d’emballer les vins dont vous vous régalez…

 

Nous vous entendons donner l’exemple de la maison « tout bois, écologique» de celle qui vous servira de résidence secondaire de luxe au Pilat ou au Cap Ferret. Vous avez préféré en toute logique au coeur de la forêt landaise, des bois d’Oregon, de Suède ou du Canada pour la construire ; le développement durable – dans le sens ici de faire vivre d’abord vos concitoyens, réduire les transports, donner du travail aux gens du pays – c’est pour mon chien qui d'ailleurs est une chienne...

 

Nous avions planté trop espacé. C’est oublier la vie d’un pin, les éclaircies, la nécessité pour celui-ci, adulte de bénéficier de lumière et d’espace indispensable à son bon développement… et n’en déplaise à tous ces donneurs de leçons. Qu’ils cheminent quelques heures à travers les troncs déchiquetés, les arbres couchés pour s’apercevoir enfin qu’il n’y a pas que les grands pins espacés qui ont essuyé les affres de l’ouragan. Il y a aussi au milieu de parcelles « serrées » de jeunes plantations mises à mal. Un illogisme de la tempête et des vents tourbillonnants. Une logique en somme de vents soufflant en rafales de plus de 190 kilomètres par heure. Aucun pin n’y résiste, que votre imbécile ignorance (vous n’avez même pas pris la peine de vous renseigner)…

 

Alors, nous les avons attendus, les bons écologistes, les défenseurs de la forêt, les bucoliques adeptes des forêts de plaisirs, de ceux qui hurlent à l’assassinat dès lors qu’ils aperçoivent un bûcheron en limite de leur maison secondaire et qui se couchent en travers des chemins forestiers pour contraindre les tracteurs à s’arrêter, pour emmerder les hommes qui y travaillent.

 

Nous les avions attendus. Nous les pensions solidaires, ils ne sont pas venus.

  

C’était oublié que notre pignada privée à  92%, mais aussi publique, génère des milliers d’emplois, qu’elle fédère des entreprises, qu’elle est le fruit d’un travail de longue haleine personnel et collectif, qu’elle fait appel au temps (50 ans pour la pousse d’un pin, c’est une génération), qu’elle est le fruit d’un long savoir-faire, de transmissions familiales, de renoncements, d’études, d’une organisation à nulle autre pareille, de revenus somme toute modestes, qu’elle participe aux financements des communes… mais qu’elle est aussi un formidable puit de CO2 (plus d’1 million d’hectares… c’est combien de terrains de football Monsieur le Ministre, moi qui préfère le rugby ?... puisque telle est la nouvelle mesure étalon employée ?) ; qu’elle impose une taxe incendie à la superficie (payée par tous les propriétaires et nous la trouvons normale) – nous avions pris en compte les terribles ravages des tempêtes de feu d’après guerre qui décimèrent des milliers de nos hectares… et plus terrible encore, tuèrent 82 gars courageux, volontaires du feu, aux portes de Bordeaux.  C’était en 1949. C’est aussi pour cela que cette forêt nous la portons en nous.


Vous nous aviez promis. Quelques effets de manches pour nous raconter votre solidarité nationale… bla-bla-bla !  Il eut mieux fallut se taire.

 

Nous survivrons, du moins nous l’espérons, face à l’adversité d’une crise économique qui nous pénalise, face aux assauts répétés de la nature, face aux opportunistes acheteurs d’espaces à peu de frais (les grands agricultures du Nord et d’ailleurs) qui souhaitent y cultiver des subventions européennes – 
Nous restons songeurs – On est loin des 1500 euros l’hectare et en prime on imagine les espaces dénudés, les nappes phréatiques pollués par les pesticides, les changements micro climatiques dus aux terres surchauffées, des vents violents l’hiver et des tornades d’été venues de l’océan (ces descriptions d’avant la plantation des pins y sont relatées dans des ouvrages anciens) … les pins avaient régulé la lande.

 

Nous avions laissé nos espaces ouverts. Notre philosophie. Sans clôtures, sans barrières. Forêts cultivées elles sont aussi forêts de loisirs, pour le promeneur, le chasseur, les estivants… ils sont en passe de se fermer, de se recroqueviller.

 

Certains, par désespoir pensent à commettre le pire : le feu. Vous l’ignoriez ?...

 

Les incendies nous les avons déjà. Nous en aurons d’autres plus puissants encore ; vous qui nous mégotiez encore il y a quelques jours la présence de 2 Canadair sur zone… que d’incroyables mépris !


D’autres, bloqueront voie autoroutière et voie ferrée. Ils seront propriétaires, ouvriers, chefs d’entreprise, élus, amoureux de nos forêts ou simples habitants sylvicoles… au-delà des divergences sociales et politiques que compte notre forêt…

 

Nous ne sommes pas écoutés, alors ça commence à grogner un peu partout dans la lande. Vous l’entendez ?...





 

Publié dans Coups de gueule

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